en quel sens l'homme est-il un être de parole?
on comprend ce sujet si on voit bien le lien entre l'acte de parole et l'engagement que cela implique.
Quelqu'un est de parole lorsqu'il fait un serment ou une promesse et qu'il s'y tient.
L'être humain parle. Nous parlons éveillés ; nous
parlons en rêve. Nous parlons sans cesse, même quand nous ne proférons aucune parole, et que nous ne faisons qu'écouter ou lire ; nous parlons même si, n'écoutant plus vraiment, ni ne lisant,
nous nous adonnons à un travail, ou bien nous abandonnons à ne rien faire. Constamment nous parlons, d'une manière ou d'une autre. Nous parlons parce que parler nous est naturel. Cela ne provient
pas d'une volonté de parler qui serait antérieure à la parole. On dit que l'homme possède la parole par nature. L'enseignement traditionnel veut que l'homme soit, à la différence de la plante et
de la bête, le vivant capable de parole. Cette affirmation ne signifie pas seulement qu'à côté d'autres facultés, l'homme possède aussi celle de parler. Elle veut dire que c'est bien la parole
qui rend l'homme capable d'être le vivant qu'il est en tant qu'homme. L'homme est homme en tant qu'il est celui qui parle.
HEIDEGGER
Acheminement vers la parole, p. 13
selon ce texte de Heidegger, il y a une puissance de la parole qui fait de l'homme un homme.
la parole apparaît dès lors comme fondatrice de son humanité. Cependant cette parole est loin d'être toujours transparente et claire. La parole en engageant l'humanité de l'homme ne le met pas à l'abri du mauvais usage de la parole. En effet parler ne signifie pas nécessairement tenir sa parole.
si la parole engage notre humanité peut-on dire que l'homme s'engage par la parole à tenir ses promesses et ses engagements?
il s'agit d'examiner le sens de cet engagement.