problème...le mot clé de la démarche philosophique
Il y a des évidences qui semblent si évidentes que personne ne les conteste...encore moins celui qui les pense.
Ces certitudes s'appuient en fait sur d'autres certitudes admises sans méfiance, sans interrogation...
Réfléchir, c'est passer nos convictions au crible de la raison, mettre à jour leur fondation affective.
Ainsi une dissertation est-elle le moment de ce surgissement des fondements sur lesquels se construit toute pensée, comme Descartes l'entreprendra dans les Méditations Métaphysiques.
Construire une dissertation c'est par conséquent faire surgir ce qui est admis et qui en fait est loin d'aller de soi.
ce qui est admis est souvent nommé lieu commun, préjugé, jugement hâtif etc... Un des lieux où on trouve exprimés ces lieux communs est les proverbes, qui se rattacheraient à une certaine forme de croyance populaire.
Examinons l'expression: "le temps c'est de l'argent". ( lien utile:ttp://www.philosophie.ac-versailles.fr/enseignement/ex-marx.argent.pdf )
Ce proverbe est la traduction de l’anglais « Time is money » notamment présent dans l’œuvre de Benjamin Franklin.
Si nous la découpons en notes distinctes, en autant d'« avant », et d'« après » qu'il nous plaît, c'est que nous y mêlons des images spatiales et que nous imprégnons la succession de simultanéité : dans l'espace, et dans l'espace seulement, il y a distinction nette de parties extérieures les unes aux autres. Je reconnais d'ailleurs que c'est dans le temps spatialisé que nous nous plaçons d'ordinaire. Nous n'avons aucun intérêt à écouter le bourdonnement ininterrompu de la vie profonde. Et pourtant la durée réelle est là. C'est grâce à elle que prennent place dans un seul et même temps les changements plus ou moins longs auxquels nous assistons en nous et dans le monde extérieur.
Ainsi, qu'il s'agisse du dedans ou du dehors de nous ou des choses, la réalité est la mobilité même. C'est ce que j'exprimais en disant qu'il y a du changement, mais qu'il n'y a pas de choses qui changent.
Devant le spectacle de cette mobilité universelle, quelques-uns d'entre nous seront pris de vertige, Ils sont habitués a la terre ferme : ils ne peuvent se faire au roulis et au tangage. Il leur faut des points « fixes » auxquels attacher la pensée et l'existence. Ils estiment que si tout passe, rien n'existe : et que si la réalité est mobilité elle n'est déjà plus au moment où on la pense, elle échappe à la pensée. Le monde matériel, disent-ils, va se dissoudre, et l'esprit se noyer dans le flux torrentueux des choses - Qu'ils se rassurent ! Le changement, s'ils consentent à le regarder directement, sans voile interposé, leur apparaitra bien vite comme ce qu'il peut y avoir au monde de plus substantiel et de plus durable. Sa solidité est infiniment supérieure à celle d'une fixité qui n'est qu'un arrangement éphémère entre des mobilités.
Bergson, La perception du changement, Paris, PUF, 1959, p 166.
Dès le début, il souligne l'absurdité de cette dernière..........La réponse est donnée dans la question, écrit-il....Demander quelle est l'origine de "l'inégalité naturelle" c'est l'admettre comme évidente. Or Rousseau va construire son Discours pour montrer que justement les inégalités ne sont pas naturelles mais sociales;. Il va donc remonter en deça de l'affirmation admise par l'Académie, ce qui lui vaudra d'être sanctionné comme ayant fait un hors-sujet...et le jury du concours n'achèvera pas la lecture de la copie du candidat.
Remettre en cause les inégalités naturelles c'est considérer que l'on peut les combattre...les qualifier de naturelles c'est au contraire les admettre comme indépassables. Deux perspectives politiques radicalement opposées.