Peut-on changer le cours de l'histoire?
Avec un ton chargé d'impuissance, sur le mode de la sentence,ou du discours chargé de fatalisme,,l'homme du bon sens vous dira qu'on ne change pas le cours de l'histoire, s'en remettant à une métaphore, admise de fait, celle du cours d'eau. Vieille image que l'on trouve déjà chez Héraclite, définissant le temps. Image qui suppose linéarité du temps et par voie de conséquence linéarité de l'histoire, ramenée à l'ordre chronologique et à l'idée de "progrès", d'orientation vers..., de sens, Dès lors, l'idée d'un temps suspendu, arrêté, ou "les heureuses coïncidences" du Second Discourrs de Rousseau, le Clinamen d'Epicure, la possibilité d'une liberté créatrice, se verraient évacués. Autre présupposé, qui appartient cette fois au "on", un pronom indéfini et général, outre qu'il renforce la généralité des propos, ce "on" suppose un anonyme ou un simple individu qui changerait ou pas quelque chose à ce qui est déjà écrit. Ce on renvoie à un individu quelconque...Ce sont donc tous ces présupposés que l'on se doit d'examiner. Ce qui est en jeu derrière cette question est la place de la liberté dans le champ de l'action historique et cela nous renvoie aussi à l'acteur de cette action libre si elle est pensable. Cela suppose aussi une réflexion sur le temps de l'histoire..
Changer le cours de l'histoire fait également écho à une formule célèbre de Marx: les philosophes n'ont fait jusqu'à présent qu'interpréter le monde, il s'agit maintenant de le transformer. . Il s'agirait de réaliser l'impossible, puisque par définition on ne va pas dans le sens inverse du cours, comme le cours d'eau suit sa direction. Peut-on aller contre le sens du courant? Peut-on renverser, retourner les lois historiques? Peut-on opérer un retournement radical de l'ordre des choses (et même, doit-on le faire?)? La révolution, au sens de renversement de l'ordre des choses,, et ici de l'ordre historique, est-elle pensable en ces termes et quelles en seraient les conséquences? Ainsi ce sujet nous renvoie au sens même de la révolution.